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30 août. — Une malheureuse organisation que la nôtre. Depuis le collège nous nous sommes toujours passionnés pour les causes battues, et aujourd’hui la défaite de Garibaldi nous fait tout mélancoliques. Pourtant ce Garibaldi, ainsi que le dit le père Chilly, ce n’est point notre homme, mais nous sommes ainsi faits, qu’il y a au fond de nous, toujours une sympathie pour les hommes qui n’ont pas la vulgarité, la canaillerie du succès.

31 août. — Nous avons reçu, ces jours-ci, un petit morceau de papier imprimé, portant ceci : « M*** vous êtes prié d’assister à la petite fête de famille, qui sera donnée à Neuilly, rue de Longchamps, 32, le 31 août 1862.

Et nous voici ce soir, rue de Longchamps, où nous trouvons 25 ou 30 invités. C’est la chambre des filles de Gautier qui est la salle de spectacle, où il y a une toile, une rampe, et tous les fauteuils et toutes les chaises de la maison. La tablette de la cheminée sur laquelle on s’assied, simule le balcon. Sur la porte, au-dessus de laquelle se détire, en une pose anacréontique, une femme nue, est collée l’affiche :

Théâtre de Neuilly.
Pierrot Posthume.

La toile se lève sur la scène, où le peintre Puvis de Chavannes a peint d’assez cocasses décors — une scène où il y a juste la place pour un soufflet et un