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29 novembre. — Gavarni nous donne une grande preuve d’amitié en venant à la répétition. Il est très malade. Dans l’escalier, il est obligé de rester assis dix minutes sur la banquette de l’escalier pour reprendre sa respiration. Quand nous l’aidons à remonter en voiture, il est suffoqué à ce point qu’il peut à peine nous parler.

Thierry nous montre une lettre de Camille Doucet, dans laquelle le ministre Rouher et le maréchal Vaillant nous font l’honneur d’avoir cherché, trouvé un dénouement à notre pièce. Rouher veut que la fille soit seulement blessée, et qu’il reste l’espérance d’un mariage avec l’amant de sa mère. Le maréchal Vaillant en a trouvé un autre à peu près du même goût. Heureusement qu’il n’y tient pas, et, comme militaire, il n’est pas trop opposé au coup de pistolet du dénouement.

On vit tout entier absorbé, dans l’enchantement, le doux enivrement, la musique du jeu de ses acteurs, et la volupté de cela vous fait passer entre les épaules de petits frissons agréables. Puis, quand c’est fini, la répétition vous reste encore dans la tête, dans les oreilles, au cœur, comme une douce émotion mourante.

30 novembre. — En me voyant si près d’être joué aux Français, je commence à croire qu’il pourrait y avoir une providence pour la constance de l’effort et le courage de la volonté.

1er décembre. — … Qui regarde, au Cirque, ce joli