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étaient posés sur la voiture se sont dépêchés de s’envoler… J’ai lu alors : Service des prisons.

10 novembre. — Enfin nous voici faisant répéter sur la scène, à côté du souffleur assis à une table. À la première répétition nous avons eu encore une terreur. À son entrée, Delaunay ne paraissait pas… On l’a appelé, enfin il est venu…

Ce qui nous frappe surtout, c’est le long ânonnement que les acteurs mettent à dire. Ils commencent à répéter, à réciter un peu comme des enfants. On sent le besoin qu’ils ont d’être serinés, montés, chauffés. Ils tâtonnent l’intonation, ils manquent le geste. À tout moment ils font des contresens à l’encontre de ce que vous avez écrit. Et comme ils vous semblent longs à entrer dans la peau de votre rôle !

Il faut excepter pourtant Mme Plessy, elle seule a l’intelligence véritablement littéraire. Du premier coup elle comprend et elle rend. Elle a eu immédiatement le sentiment des choses observées, des choses vraies du rôle de Mme Maréchal. Elle a mis le doigt sur tous les cris du cœur, en disant : « C’est étonnant, les hommes, je ne sais pas où ils nous prennent cela ? » Et chez elle, c’est une compréhension si vive, que la traduction est immédiate, intelligente toujours, quelquefois sublime.

16 novembre. — Après les répétitions, dans cette haute salle des Français, on a l’impression de trouver le plafond de son chez soi écrasant, et le sommeil