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pétard comme l’a fait Decamps, qu’il a été emporté par son tempérament, par sa nature rageuse. Il a ajouté que dans l’Asie Mineure, pays de hautes montagnes et de plaines inondées une partie de l’année, il existe un brouillard opalisé, dans lequel les couleurs baignent et scintillent comme dans une évaporation d’eau de perle, leur donnant l’harmonie la plus chatoyante… Bref, une poétique palette des Mille et un Jours.

Il nous disait encore que, lorsque le fils du ministre de Turquie est pris de nostalgie, il vient s’enfermer une journée chez lui, regarde ses tableaux, prend une tasse de café fait à la mode des siens, dans une tasse de son pays, et s’en va plein de son soleil et de sa patrie pour huit jours.

Mercredi 14 décembre. — Dîner chez la princesse Mathilde.

À ce dîner assiste un capitaine d’état-major partant pour le Mexique, demain matin. Ses effets sont emballés. Il dîne dans un uniforme qui a fait campagne, un uniforme au glorieux ton d’or bruni par le plein air et la poudre.

Il parle de l’armée mexicaine et conte spirituellement la manière dont elle se recrute : « Avez-vous arrêté un assassin, dit-il, le juge vous demande, si pour punition, vous ne donneriez pas votre agrément à ce qu’il fût condamné à être soldat ? » Il y a encore d’autres moyens d’avoir des soldats au Mexique : celui qui réussit le mieux, c’est de faire