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chapitres de notre Germinie Lacerteux à l’éditeur Charpentier.

À l’endroit où Germinie raconte qu’en arrivant à Paris, elle était couverte de poux, Charpentier nous dit qu’il faudra mettre « de vermine » pour le public… Au diable ce public, auquel il faut cacher le vrai et le cru de tout ! Quelle petite-maîtresse est-il donc, et quel droit a-t-il à ce que le roman lui mente toujours… lui voile éternellement tout le laid de la vie ?

13 octobre. — C’est maintenant la manie de Gavarni de visiter de grandes propriétés, qu’il rêve d’acheter avec la vente de son terrain d’Auteuil ; oui, des châteaux avec des communs, des écuries, des grands salons, des petits salons, enfin des habitations avec plus de fenêtres à la façade, que n’en pourraient ouvrir et fermer les deux vieilles femmes qui le servent.

Donc ç’a été, pendant tout l’été, des courses de toute la journée, cahotées dans de mauvais fiacres sur les chemins de la banlieue, en compagnie de la dévouée Mlle Aimée, mourante de la poitrine, cette longue et maigre fille à l’éternelle robe noire : couple de moribonds s’appuyant l’un sur l’autre, et que les concierges voyaient, avec une curiosité étonnée, s’essouffler à monter des escaliers, pour visiter, haletants tous les deux, les maisons à vendre.

Un moment il a été sur le point d’acquérir la magnifique propriété de Tamburini, au Bas-Meudon ;