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— On s’étonne, en lisant l’Histoire auguste, que les notions du bien, du mal, du juste et de l’injuste aient pu survivre aux Césars, et que les Empereurs romains n’aient pas tué la conscience humaine.

13 septembre. — Voir des hommes, des femmes, des salons, des rues. Toujours étudier la vie des êtres et des choses — loin de l’imprimé : c’est la lecture de l’écrivain moderne.

Septembre. — Le défectueux de l’imagination, c’est que ses créations sont rigoureusement logiques. La vérité ne l’est pas. Ainsi, je viens de lire dans un roman, la description d’un salon religieux : tout s’y tient, tout s’y suit, depuis le portrait gravé du comte de Chambord jusqu’à la photographie du pape. Eh bien ! je me rappelle avoir vu, dans le décor sacro-saint du salon du comte de Montalembert, un portrait de religieuse, qui était le costume de comédie d’une de ses parentes, jouant dans une pièce du XVIIIe siècle. Voici l’imprévu, le décousu, l’illogique du vrai.

Fin septembre. — Au milieu de la préoccupation de notre Germinie Lacerteux, du congestionnement du dernier travail, j’ai rêvé que j’allais faire une visite à Balzac, qui était vivant dans une vague banlieue, en une habitation ressemblant, moitié au chalet de Janin, moitié à une villa que j’ai vue, je ne sais plus où.