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19 juillet. — Ce soir, le soleil ressemble à un pain à cacheter cerise, sur un ciel, sur une mer gris perle. Dans leurs impressions en couleur, les Japonais seuls, ont osé ces étranges effets de nature.

— L’existence au bord de la mer pour les maris, est ce qu’est un jour de garde pour les boutiquiers de Paris. Le casino leur permet la vie de café, les cartes, le petit verre. Le soir dans le grand salon, dont les baies vitrées donnent sur les parties d’écarté, on voit les épouses de ces messieurs, le visage collé à la vitre, les regarder et les attendre, à la fois nerveuses et résignées.

27 juillet. — Au-dessous d’un petit chapeau rond, un diadème de plumes de paon, où le vert-bleu se mélange avec l’or vert-de-grisé, au-dessous de cet arc-en-ciel de plumage, une tête de jolie blonde cruelle à la diaphanéité rosée ; avec une cravate de dentelle lâchement attachée au cou et sur les épaules, un vestinquin blanc aux soutaches bleues. C’est Mlle D… la fille du peintre…

Toutes les têtes de femmes sont à demi masquées par un petit voile de dentelle noire, étroit comme un loup, et finissant au sourire qu’il semble chatouiller, en laissant le haut du visage dans une pénombre mystérieuse.

Et partout des robes troussées et relevées en plis rocaille, qui font les jupes courtes, et laissent voir les fines attaches des jambes… Et ce sont encore de