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Là-dessus Gautier esquisse le type des femmes qu’il a vues, au dernier lundi de l’Impératrice : des femmes maigres, décharnées, plates, osseuses, minces à tenir dans la main, avec un rien de corps, une infiniment petite place sur elles, pour les exercices de l’amour : des femmes au teint de chlorose à l’apparence fantomatique et malsaine, — avec seulement de l’esprit sur la figure.

— Je suis couché avec la migraine, et les bruits des choses au loin, se transforment, se poétisent, arrivent aux sens, idéalisés. Les seaux d’eau dont les cochers lavent les voitures dans les cours, prennent pour moi des bruissements et des fraîcheurs de jets d’eau de l’Alhambra.

— De toutes les peintures modernes, celles qui prennent la plus belle cristallisation, qui se revêtent de la plus riche patine, qui se culottent le mieux en chefs-d’œuvre : ce sont les Decamps.

— Passé la soirée avec Mme Sabatier, la fameuse présidente au merveilleux corps, moulé par Clésinger dans sa Bacchante. Une grosse nature avec un entrain trivial, bas, populacier. On pourrait la définir, cette belle femme à l’antique, un peu canaille : une vivandière de faunes.

— Sur le registre des massacres de Septembre, on lit : « Jugé par le peuple et mis en liber… » liber