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ANNÉE 1864




1er janvier 1864. — Nous commençons par aller où se trouvent nos vrais parents : au Louvre. C’est fermé… Et ce soir, nous sommes heureux de dîner en famille, dans un cénacle de cabotins, et de recevoir les vœux de bonne année d’un traître du boulevard !

2 janvier. — Il me revenait, l’autre nuit, ne dormant pas, une impression de panorama de bataille, impression profonde, étrange, effrayante, pareille à celle que feraient un orage suspendu, un tumulte glacé, un chaos muet et mort. Les bombes éclatant en l’air, ne tombaient pas et demeuraient éternellement éclatantes. Sous le jour tamisé et froid et clair et filtré, les cavaliers se précipitaient, les fantassins s’élançaient, les bras se levaient, les gestes se convulsionnaient, les masses se heurtaient et la Victoire