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de Renée Mauperin, a commencé à paraître dans l’Opinion nationale. Voilà trois jours que nos amis s’abstiennent rigoureusement de nous en parler, et que nous n’avons nulle nouvelle de l’effet produit auprès de l’allant et du venant, que nous rencontrons. Nous étions un peu désespérés de ce livre, tombant dans le silence, quand ce matin nous avons reçu une aimable lettre de Paul Féval qui témoigne que l’enfant remue.

Là-dessus, je pose des sangsues, derrière les oreilles à Edmond, qui a mal aux yeux, depuis quelque temps, et dont la dilatation des pupilles est aussi forte, que s’il avait été empoisonné avec de la belladone. Et notre médecin et ami, Edmond Simon, a la croyance que cette dilatation est produite par des excès de tabac, par l’abus de cigares très forts.

16 décembre. — … La princesse, arrivée à cinq heures de Compiègne, parle de l’Empereur : … « Qu’est-ce que vous voulez… cet homme, il n’est ni vif ni impressionnable ! Rien ne l’émeut… L’autre jour, un domestique lui a lâché un siphon d’eau de seltz dans le cou, il s’est contenté de passer son verre de l’autre côté, sans rien dire, sans donner aucun signe d’impatience… Un homme qui ne se met jamais en colère, et dont la plus grande parole de fureur est : “C’est absurde !” Il n’en dit jamais plus… Moi, moi, si je l’avais épousé, il me semble que je lui aurais cassé la tête, pour savoir ce qu’il y avait dedans ! »

17 décembre. — En regardant ces yeux, où les