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marbre jaune, couronnée par un buste d’Hippocrate en bronze. Aux côtés de la cheminée, une mauvaise aquarelle, le portrait d’une langoureuse et maladive Anglaise, que Flaubert a connue à Paris, dans sa jeunesse, et puis encore des dessus de boîtes, à dessins indiens, encadrés comme des gouaches, et l’eau-forte de Callot, une Tentation de saint Antoine : les images conseillères du talent du Maître.

Entre les deux fenêtres donnant sur la Seine, se lève une gaine carrée, portant un buste de marbre blanc de Pradier, le buste de la sœur de Flaubert, morte toute jeune, et qui avec ses traits purs et droits, encadrés dans deux grandes anglaises, semble une Grecque retrouvée dans un keepsake.

Une perse gaie, de façon ancienne et un peu orientale, à grandes fleurs rouges, garnit les portes et les fenêtres. Dans un coin se dresse un divan-lit, recouvert d’une étoffe turque, et sur lequel sont empilés des coussins. Au milieu de la pièce, la table de travail, une grande table ronde au tapis vert, et où l’écrivain trempe sa plume dans un encrier, qui est un crapaud.

Et çà et là, sur la cheminée, sur la table, sur les planchettes des bibliothèques, et accroché à des appliques ou fixé aux murs, un bric-à-brac des choses d’Orient : des amulettes recouvertes de la patine vert-de-grisée de l’Égypte, des flèches de sauvages, des instruments de musique de peuples primitifs, des plats de cuivre, des colliers de verroterie, le petit banc de bois sur lequel les peuplades de l’Afrique mettent leur tête pour dormir, s’assoient, coupent