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de Portici, et l’on est poussé à croire que les vagues sont faites par des têtes de figurants sous une toile très bien peinte.

Au milieu des chalets, un château s’élève, un château couleur chocolat, flanqué de quatre tourelles. C’est à Billion, l’ancien directeur du Cirque, et les quatre tourelles sont des lieux à l’anglaise. Cela ressemble au château de la Foire, dans une féerie, où Lebel s’écrierait avec sa voix de stentor : « Allons ! bon, voilà que j’ai la colique ! »

Et dans cette ville projetée, où des écriteaux promettent des rues, chaque maison isolée recèle un vieux nom de théâtre, ici la Franconi, là, la veuve d’Adam, plus loin Rosalie, la sauteuse de l’Hippodrome. C’est comme les Invalides et la Sainte-Périne des coulisses. Aux bureaux de leurs caisses, les hôtels montrent de vieilles femmes, dont les voix vous rappellent des voix d’autrefois entendues au théâtre. Et le grand café de l’endroit est tenu par un cafetier, ébouriffant les bourgeois avec les blagues et les charges du café des Variétés.

— Ce soir, en nous promenant au bord de la mer avec une femme de notre connaissance, comme nous lui reprochions un amant indigne d’elle, elle nous dit ingénument : « Qu’est-ce que vous voulez que je fasse, quand il pleut et que je m’ennuie ! »

— Aux bains de mer, les filles ressemblent à des honnêtes femmes. Elles ont une tenue pareille, la