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avec une cuvette d’eau, une éponge, des cigares, il passe ses loisirs et les meilleures heures de sa vie, à faire revenir et revivre les colorations encrassées de toiles énigmatiquement anonymes.

Lundi 6 juillet. — Sainte-Beuve a donné sa démission de membre de la commission du Dictionnaire de l’Académie, a renoncé à un traitement de 1 200 francs par an, pour écrire son article de ce matin sur Littré. Il y a de la belle passion désintéressée dans les haines du critique.

8 juillet. — Témoignant mon étonnement de la luminosité brillantée de certaines aquarelles vues chez Palizzi, il me dit leur donner à la fin cet éclat, avec des couleurs chinoises, dont il a une boîte : — couleurs apportant à son aquarellage, un glacis de fraîcheur et une richesse de coloration, que n’ont pas les couleurs d’Europe.

12 juillet. — Un commissionnaire nous apporte une lettre de Sainte-Beuve, qui, se trouvant un peu souffrant, nous prie de passer chez lui, pour causer de son article sur Gavarni.

Après le don par nous de quelques renseignements biographiques, nous passons à l’examen des légendes des lithographies. Et notre stupéfaction est immense, à voir Sainte-Beuve lire ces légendes, en les estropiant par une ignorance de toutes les modernités, de tous les parisianismes, une ignorance