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JOURNAL
DES GONCOURT

ANNÉE 1862


1er janvier. — Le jour de l’an, pour nous, c’est le jour des morts. Notre cœur a froid et fait l’appel des absents.

Nous grimpons chez notre vieille cousine Cornélie, en sa pauvre petite chambre du cinquième. Elle est obligée de nous renvoyer, tant il vient la voir de dames, de collégiens, de gens, jeunes ou vieux, qui lui sont parents ou alliés. Elle n’a pas assez de sièges pour les asseoir, ni assez de place pour les garder longtemps. C’est un des beaux côtés de la noblesse, qu’on n’y fuit pas la pauvreté. Dans les familles bourgeoises, il n’y a plus de parenté au-dessous d’une certaine position de fortune, au-dessus du quatrième étage d’une maison.