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sait une sorte de pâte sur laquelle on appliquait des fleurs d’immortelles. Tout est comme ça à Paris.

11 avril. — Dîner chez Magny.

Il existe à la cour dans ce moment-ci une grande préoccupation de Marie-Antoinette. Un jour, on a fait demander des Tuileries, à la Bibliothèque, toutes les pièces du Collier ; un autre jour le petit prince, mené chez un peintre, l’a interrogé sur la mort de Louis XVII, au Temple.

Sainte-Beuve laisse percer un sentiment très hostile à la personne de la Reine, une sorte de haine personnelle. Il montre contre nous une petite colère, de ce que nous ayons défendu sa pureté, et travaille, avec une animation tout à fait amusante, à nous en faire dédire… Puis il esquisse, d’après des souvenirs, recueillis dans les familles, un Louis XVI véridique, envoyant à ses courtisans, au petit lever des boulettes de la crasse de ses pieds… Renan là-dessus élève une petite voix flûtée pour dire qu’il ne faut pas être si sévère à l’encontre « de ces gens-là : les rois ! qui n’ont pas choisi leurs places… qu’il faut leur pardonner d’être médiocres. »

Et Sainte-Beuve me confesse à l’oreille l’idée qu’il a de faire, un de ces jours, une Marie-Antoinette, avec l’intention d’être, par elle, désagréable à l’Impératrice.

16 avril. — Passé la soirée chez les Armand Lefebvre… Une jeune fille de notre connaissance nous raconte ses visites à la sœur de P…, son ancienne