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— Oui, dit Sainte-Beuve, quand on ne sait plus ce qu’on dit !

— Un bien beau mot du vieux Rothschild, prononcé l’autre jour chez Walewski. Calvet-Rognat lui demandant pourquoi la rente avait baissé la veille ? « Est-ce que je sais, moi, pourquoi il y a de la hausse ou de la baisse… Si je le savais, j’aurais fait ma fortune ! »

— Il me semble voir dans une pharmacie homéopathique le protestantisme de la médecine.

3 avril. — Nous trouvons Gavarni, chez lequel nous dînons, maigri, fatigué, démoralisé, découragé, sans aucun goût pour son travail, ennuyé des dessins que lui commande Morisot, présentant l’aspect d’un homme qui a fini sa tâche.

À ce mélancolique dîner, Sainte-Beuve parle du suicide, comme d’une fin légitime, presque naturelle de la vie, comme d’une sortie soudaine et volontaire de l’existence à la façon des anciens, au lieu d’assister à la mort de chacun de ses sens, de chacun de ses organes, — et il regrette qu’il lui manque le courage de se tuer.

— Ces temps-ci, un employé de la Compagnie d’affichage, au lieu de faire coller au mur les affiches de théâtre, les livrait à un brocanteur de la rue de la Parcheminerie, qui lui-même les revendait à un fabricant de couronnes funéraires. Ce dernier en fai-