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tes les phrases suavement et chrétiennement sensuelles.

— Veuillot, l’aboyeur des idées de M. de Maistre.

— Les tragédies de Ponsard ont le mérite artistique d’un camée antique — moderne.

— « J’attendrai ! » la devise du cardinal de Bernis me sourit.

— Gavarni nous disait que la première fois qu’il vit Balzac, c’était à la Mode, chez Girardin. Il vit un petit homme rondelet, aux jolis yeux noirs, au nez retroussé, un peu cassé, parlant beaucoup et très fort. Il le prit pour un commis de librairie.

Gavarni nous disait encore que physiquement, du derrière de la tête aux talons, chez Balzac, il y avait une ligne droite avec un seul ressaut aux mollets ; quant au devant du romancier, c’était le profil d’un véritable as de pique. Et il se mit même à découper une carte pour nous montrer l’exacte silhouette de son corps.

— J’étais ce soir dans un café. Le gaz s’était éteint en même temps que minuit. J’avais devant moi un verre et une cannette de cristal, lignés de l’étroit éclair lumineux des toiles chardinesques. Dans le fond ténébreux, entre les flammes droites des deux bougies sur lesquelles montaient les fumées bleues des pipes, des crânes luisants, avec d’intelligentes virgules de lumière sur les tempes de gens ayant une