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chose immatérielle sur laquelle un coup de pied dans le c… agit ? Non, non, il n’y pas de séparation entre l’âme et le corps. »

27 juillet. — Je vais voir Rouland pour savoir si je puis publier la Lorette sans retourner en police correctionnelle. Et dans la conversation que j’ai avec lui sur notre poursuite, il me confirme une chose qui m’avait été déjà dite : c’est que le ministère de la police, outre ce qu’il poursuivait en nous, poursuivait encore certaines idées littéraires : « Il ne voulait pas, me dit Rouland, de la littérature qui se grise et grise les autres, une idée, ajoute-t-il, que je n’ai pas à apprécier… » Oui, nous fûmes poursuivis, en l’an de grâce 1853, pour le délit de littérature anticlassique, de littérature révolutionnaire. Latour-Dumoulin n’avait-il pas dit à M. Armand Lefebvre : « Je dois vous dire que je suis désolé de la poursuite de ces messieurs… vous savez, les magistrats, c’est si vétilleux, ces gens-là… Au reste, je les crois dans une mauvaise voie littéraire et je crois leur rendre service par cette poursuite. »

— La Lorette paraît. Elle est épuisée en une semaine. C’est pour nous la révélation qu’on peut vendre un livre.

Septembre. — Nous accompagnons Leroy, le graveur, et sa femme aux bains de mer à Veules, une pittoresque avalure de falaise, tout nouvellement