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lancolique aux cheveux blancs et tout plein au fond de vignettes de romances.

— Il est indispensable, pour être célèbre, d’enterrer deux générations : celle de ses professeurs et celle de ses amis de collège, — la vôtre et celle qui vous a précédé.

— Il y a dans le talent de certains hommes, une certaine continuité et égalité de production qui parfois m’ennuie. Ils ne me semblent plus écrire, mais couler. Ce sont ces fontaines de vin des fêtes publiques, une distribution de métaphores au peuple.

— Le peuple se promène au cimetière et fait des visites à l’hôpital.

15 octobre. — Édouard nous enlève passer deux jours à la Comerie… Nous allons voir, au château de Boran, chez la comtesse de Sancy dont le mari est Sancy-Parabère, et qui est dame d’honneur de l’Impératrice, le portrait de Mme de Parabère.

C’est un triomphant portrait de Largillière. La dame galante, dans un corsage aux tons violets, affectionnés par le Titien, trône sur des ondoiements de satin saumoné. D’une main elle cueille un œillet donné par le Régent, et qui serait, d’après une légende de famille, le prix de sa livraison. Dans le bas du tableau, un négrillon du Véronèse tend une corbeille de fleurs à celle que le Régent appelait mon petit cor-