Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/299

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de tout mettre en arbres verts et de tuer ses grands arbres avec du lierre qui montera dans leurs branches. Il médite une réhabilitation de l’arbre vert, un guide de l’amateur d’araucarias et de cyprès, sous le titre : le Jardin vert ; s’élevant contre le préjugé qui fait de l’arbre vert un arbre triste, nous citant son buisson ardent de houx, rouge de baies comme un sorbier.

Nous causons photographie et de la façon demoiselle, dont se colorient les figures dans la chambre noire, du contraste complet avec la manière de sentir et de reproduire des peintures. Il nous dit qu’évidemment la peinture est une convention dont le triomphe est le style, c’est-à-dire « la tension de l’entendement vers l’idéalité » !

De là, la causerie saute à la femme. Selon lui, c’est l’homme qui a fait la femme en lui donnant toutes ses poésies. Il se plaint de sa non-compréhension, de son bavardage vide… Dans le temps où il imaginait dans sa tête des caricatures fantastiques, il avait eu l’idée de celle-ci : Un homme aimé. C’était une femme, les bras noués autour du cou d’un homme qui la portait avec effort sur son dos… Et il nous entretient de ses chasses d’autrefois à la femme, chasses à l’inconnu, dont le grand charme est l’aléatoire, l’aléatoire qui, dit-il, « fait le pêcheur à la ligne, le joueur, le coureur de femmes ».

Puis nous arrivons aux mathématiques, nous ne savons plus par quel zigzag. Ici il ne mange plus, — car nous dînions, — sa voix devient amoureuse, son