Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

messieurs qu’il rencontrait aux courses. Ah ! ce qu’il a mangé, celui-là, en bêtes de somme… et en bêtes d’amour ! — Et le gros que je voyais toujours chez toi ? — Il est en fuite, il répondait pour son père, son père a croulé. — Et l’autre si gai ? — Il s’est retiré avec sa maîtresse en Dordogne, au diable, dans sa dernière ferme… Il fait le piquet avec son curé. — Et tu sais, Chose ? — Ah ! Chose, il a fini par un fait-divers… il s’est fait sauter le caisson… un coup de pistolet, vlan !

C’est une série de catastrophes, de misères, de ruines, ou de chutes dans le pot-au-feu.

4 décembre. — Beaufort, le nouveau directeur du Vaudeville, a dit à Saint-Victor que notre pièce n’est ni refusée ni acceptée, seulement il n’ose pas la jouer dans ce moment ; il y voit un danger et veut attendre.

— Béranger, l’Anacréon de la garde nationale.

— Le fils de notre crémière nous fait demander de lui prendre des billets d’assaut de boxe. Il s’appelle Victor, et ce nom a l’air d’être connu du public. On se fait en général l’image d’un bœuf, d’un lutteur savatier, mais le vrai est plus joli, plus original que l’imagination. Ce garçon-là est un svelte Hercule, surmonté d’une petite tête de Faustine, et c’est merveille de voir cette fine et délicate tête au milieu des coups de pied et des coups de poing, toujours souriante d’un rire retroussé, avec