6 juillet. — Salon de peinture. Plus de peinture ni de peintres. Une armée de chercheurs d’idées ingénieuses. Partout l’intrigue d’un tableau au lieu et place de sa composition. De l’esprit, non de touche, mais dans le choix du sujet. De la littérature de pinceau. Deux idéals vers lesquels est tourné tout ce monde. L’idéal anacréontique : des logogriphes, dont Éros est le sujet, fixés sur la toile avec la poussière de l’aile d’un papillon de nuit ; la mythologie reproduite en grisaille au travers d’une ingénuité sentimentale et niaise, inconnue de l’antiquité ; enfin des hannetons que de grands enfants semblent s’amuser à attacher par la patte contre les murs de marbre du Parthénon.
D’autre part, l’idéal anecdotier et de l’histoire en vaudeville, dont la trouvaille sublime est de composer un tableau, à l’instar de Molière lisant le Misantrope chez Ninon de Lenclos. Plus une main douée, plus une scélérate de patte, peignant, couvrant de pâte colorée, un morceau. Rien que des gens adroits, des malins volant le succès par le chemin de traverse de Paul Delaroche, par le drame, la comédie, l’apologue, par tout ce qui n’est pas de la peinture, — en sorte que sur cette pente, je ne serais pas étonné que le tableau à succès d’un de nos futurs Salons représentât, sur une bande de ciel, un mur mal peint, où une affiche contiendrait quelque chose d’écrit, excessivement spirituel.
11 juillet. — Parti de Paris pour Neufchâteau, sur la nouvelle que notre oncle le représentant est au