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ni sourcils, et sur laquelle se détachent les deux ailes noires du nez, ainsi que les oiseaux passant à tire-d’aile dans le ciel des paysagistes. Une bouche sans couleur et sans lèvres. Une tonsure faite par une calvitie qui a au-dessus d’elle de la lumière de nimbe. Un regard baissé vers la terre, avec des mouvements de corps impérieux et une voix autoritaire.

L’idéal au théâtre du type de Rodin.

26 octobre. — Château de Croissy. Paysage d’automne.

Dans les futaies rousses allant du jaune d’or à la terre de Sienne brûlée, quelques grisards élancés avec des bouquets de feuilles sèches toutes blanchâtres. Un petit chêne aux feuilles comme tiquetées de rousseur et mangées en partie par les chenilles, qui en ont mis à jour la trame semblable à un tulle. Quelques arbres n’ayant plus que quatre ou cinq feuilles repliées qui pendent après eux comme des cosses de haricots, et d’autres complètement dépouillés et aux grosses boules de gui visibles, hachant le ciel de leurs branchettes noires. Là-dedans, l’aboiement éteint d’une meute lointaine. Au travers et au-dessus des arbres, un ciel tout gris, poussiéreux de pluie, avec quelques éclaircies comme faites à la mie de pain sur un dessin au fusain, et des fonds estompés dans un brouillard gris perle étendu sur un fond nankin.

Dans la grande allée où, seules, les ornières ne sont pas couvertes de feuilles, des coups de jour