Page:Goncourt - Hokousaï, 1896.djvu/174

Cette page a été validée par deux contributeurs.
150
l’art japonais.


pour faire un grand peintre, il fallait trois conditions :

L’élévation de l’esprit ;

La liberté du pinceau (l’exécution) ;

La conception des choses.

Et généralement, il est difficile de trouver un artiste qui possède une de ces conditions ? Eh bien ! il y a un homme de Yédo, appelé Hokousaï, adonné depuis de longues années à la peinture, et qui remplit ces trois conditions. »

Et la préface n’exagère pas.

D’abord le titre dans un bel encadrement michelangesque, représentant des oni, des mauvais génies : — un encadrement qui a l’air de la première page d’un de nos beaux livres du xvie siècle.

Alors une série d’images du plus puissant dessin anatomique, où tous les muscles sont indiqués dans la chair, comme par une calligraphie savante, où se voit, dans le carré de leur forme, le rondissement des mollets, où dans les pieds, dans les mains, transperce l’ossature du squelette : du nu qui a quelque chose d’un Mantegna, animé par une fièvre de la vie. Et défilent, sous vos yeux, ces anatomies bossuées et ressautantes de Bénkéi, le représentant de la force, montant une cloche au haut de la montagne