Page:Goncourt - Hokousaï, 1896.djvu/170

Cette page a été validée par deux contributeurs.
146
l’art japonais.

teaux au Japon. Et ce morceau de papier sur lequel Hokousaï devait peindre, avait la superficie de 120 nattes. Or la natte japonaise mesure 90 centimètres de largeur, sur 180 de hauteur, ce qui faisait à l’artiste un champ de peinture de 194 mètres. Et pour que le papier pût rester tendu, il avait été fait dessous un lit de paille de riz d’une grande épaisseur, et, de distance en distance, des morceaux de bois, servant de presse, empêchaient le vent de soulever le papier. Un échafaudage avait été monté contre la salle du conseil, et faisant face au public : échafaudage, au haut duquel des poulies étaient attachées à des cordes, pour soulever l’immense dessin, dont la tête était fixée à un madrier de bois gigantesque. Des pinceaux de grande dimension se voyaient tout prêts, des pinceaux dont le plus petit était de la grosseur d’un balai, et l’encre de Chine était préparée dans des cubes énormes, et transvasée dans un tonneau. Ces préparatifs occupaient toute la matinée, où, dès les premières lueurs du jour, se pressaient dans la cour du temple pour voir exécuter le dessin, une foule de nobles, de manants, de femmes de toutes sortes, de vieillards, d’enfants.

Dans l’après-midi, Hokousaï et ses élèves, dans