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son installation en un Muséum qui sauvait les tableaux de l’humidité de Versailles. Dans cette appropriation de cette décoration du Louvre achevé, Marie-Antoinette se voyait déjà une charmante royauté de Reine, la tutelle et le gouvernement des arts. Mais ce projet du transport de la cour à Paris, qui avait pour lui l’avantage immédiat d’une économie et d’une réforme des dépenses de Versailles, venait se briser contre l’opposition de M. de Maurepas : M. de Maurepas craignait qu’une Reine ne grandît à Paris et qu’un premier ministre n’y diminuât[1].

Revenant aux affaires après vingt-cinq ans de disgrâce, où il avait partagé son temps entre l’Opéra, ses carpes et ses lilas[2], M. de Maurepas n’apportait pas une hostilité personnelle contre la Reine ; mais il était l’homme que le Dauphin, père de Louis XVI, recommandait ainsi à celui de ses enfants appelé à succéder à Louis XV : « M. de Maurepas est un ancien ministre, qui a conservé, suivant ce que j’apprends, son attachement aux vrais principes de la politique que madame de Pompadour a méconnus et trahis[3]. » Puis, si M. de Maurepas se souciait peu du grand rôle que la providence lui donnait, de ce vaste métier d’instituteur d’un Roi, traçant à un jeune prince les routes de la véritable gloire, il était jaloux de gou-

  1. Mémoires du ministère du duc d’Aiguillon. Paris, 1792.
  2. L’espion dévalisé. Londres, 1782.
  3. Mémoires historiques, par Soulavie, vol. I.