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dit l’indignation à sa fermeté ; elle répondit à la calomnie par une syllabe de dénégation, à l’absurde par le silence, au monstrueux par le sublime. La Reine ne consentit à se justifier que pour justifier les autres, et, dans ces longs débats, pas une parole ne lui échappa qui pût mettre un dévouement en péril ou la conscience de ses juges en repos.

Quand le président lui demande : Si elle a visité les trois corps armés qui se trouvaient à Versailles pour défendre les prérogatives royales ?

Je n’ai rien à répondre, dit Marie-Antoinette.

Quand le président l’accuse d’avoir fait payer à la France des sommes énormes pour le Petit-Trianon, pour ce Petit-Trianon dont Soulavie lui-même avoue que la dépense ne dépassait pas 72,000 livres par an en 1788[1], Marie-Antoinette répond, parlant, au delà de ce tribunal, à la France : Il est possible que le Petit-Trianon ait coûté des sommes immenses, peut-être plus que je n’aurais désiré ; on avait été entraîné dans les dépenses peu à peu ; du reste, je désire, plus que personne, que l’on soit instruit de ce qui s’y est passé.

Quand le président l’accuse de nier ses rapports avec la femme la Motte : Mon plan n’est pas la dénégation, répond Marie-Antoinette, c’est la vérité que j’ai dite et que je persisterai à dire[2].

Le président n’avait pas osé toucher à l’accusation sans nom qu’Hébert était allé chercher, le 7 octo-

  1. Mémoires historiques et politiques, par Soulavie, vol. II.
  2. Bulletin du Tribunal criminel révolutionnaire, n° 25.