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chacun de ses malheurs, avec chacune de leurs victoires, l’arrêtant longuement, comme en des stations de douleur, aux journées d’octobre, à Varennes, au veto, au 10 août, au Temple[1].

Mais dans ce flux de déclamations et de niaiseries, ne cherchez point un fait, ne cherchez point une preuve. Ces deux bons de 80,000 livres signés Marie-Antoinette, vus par Tisset chez Septeuil, signés, dit Tisset, du 10 août ; ces deux bons dont Olivier Garnerin fait un bon de 80,000 livres en faveur de la Polignac ; ces deux bons qui étaient, au rapport de Valazé, une quittance de 15,000 livres, où sont-ils ? On ne les présente pas ! Cette lettre de Marie-Antoinette, que Didier Jourdeuil affirme avoir vue chez d’Affry : Peut-on compter sur vos Suisses ? feront-ils bonne contenance lorsqu’il en sera temps ? où est-elle ? On ne la représente pas ! Et ainsi de tout.

Passez donc, témoins de vérité et de courage ! Passez, gentilshommes qui vous inclinez devant le martyre et devant votre drapeau ! Passez, nobles cœurs, fils de 89, auxquels 93 n’imposera pas une lâcheté ! Qu’importe, la Tour du Pin, que vous retrouviez pour la ci-devant Reine un salut de Versailles, et que vous la défendiez au péril de votre vie contre l’accusation des massacres de Nancy ? Que font, Bailly, votre ferme parole et votre déclaration sans peur, que « les faits contenus dans l’acte d’accusation sont absolument faux » ? Et vous,

  1. Bulletin du Tribunal criminel révolutionnaire du n° 22 au n° 33.