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de cette guerre intestine qui la dévore depuis si longtems, et dont heureusement la fin n’est pas plus éloignée que celle des auteurs ;

« Que, dans tous les tems, c’est la veuve Capet qui, par cette influence qu’elle avoit acquise sur l’esprit de Louis Capet, lui avoit insinué cet art profond et dangereux de dissimuler et d’agir, et promettre par des actes publics le contraire de ce qu’il pensoit et tramoit, conjointement avec elle, dans les ténèbres, pour détruire cette liberté si chère aux François et qu’ils sauront conserver, et recouvrer ce qu’ils appeloient « la plénitude des prérogatives royales » ;

« Qu’enfin la veuve Capet, immorale sous tous les rapports, et nouvelle Agrippine, est si perverse et si familière avec tous les crimes, qu’oubliant sa qualité de mère et la démarcation prescrite par les loix de la nature, elle n’a pas craint… »

L’acte d’accusation est lu. Le président a recommandé à l’accusée d’écouter d’une oreille attentive. Les dépositions commencent, ou plutôt commence une histoire de la Révolution qui, par la bouche des Lecointre et des Hébert, des Silly et des Terrasson, des Gointre et des Garnerin, impute à la Reine les crimes, le sang, la banqueroute, les massacres, la guerre, la famine, les trahisons, les ruines, les veuves, les orphelins, les défaites, les perfidies, les complots, les hontes, les misères, les deuils, — la Révolution ! Ce jour et le lendemain, ils font ainsi remonter le temps à la Reine, la souffletant avec