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blable demande de la tête de Marie-Antoinette formulée dans la même séance, 5 septembre, par la section de l’Université, le représentant Drouet disait : « Eh bien ! soyons brigands, s’il le faut[1] !… »

Le Comité de Salut public n’avait pas besoin de ces aiguillons. Cette série de tentatives pour l’évasion de la mère de Louis XVII, ces complots renaissants, ce parti décimé auquel il reste des héros, ne le laissaient pas sans un certain effroi. Il suivait en frémissant cette longue liste d’espions, de tortionnaires, de bourreaux gagnés aux victimes et complices de leurs douleurs. Il murmurait en rougissant quelques grands noms révolutionnaires compromis tout bas dans des rôles de pitié, et descendus à la clémence[2]… Comment garder la Conciergerie mieux que le Temple ? Où trouver des geôliers et des municipaux inébranlables ? S’il n’avait la certitude, il avait le soupçon de mystérieuses correspondances entre la Conciergerie et le dehors, et il tremblait à tout moment que la corruption ou le dévouement ne lui enlevât cette grande proie. Il fallait en finir et répondre aux dernières victoires de l’Autriche en mettant, selon l’expression de Saint-Just, « l’infamie et l’échafaud dans la famille ».

Le 3 octobre, Billaud-Varennes montait à la tribune. Il restait, disait-il, un décret solennel à ren-

  1. Journal des Débats et Décrets, n° 352.
  2. Affaire de l’ex-conventionnel Courtois, par Courtois fils. Paris, Delaunay, 1834.