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à la Reine l’arrêté du Comité de salut public sanctionné par la Convention :

« Le Comité de salut public arrête que le fils de Capet sera séparé de sa mère. »

La Reine a couru au lit de son fils, qui crie et se réfugie dans ses bras. Elle le couvre, elle le défend de tout son corps : elle se dresse contre les mains qui s’avancent, et les municipaux voient que cette mère ne veut pas livrer son fils ! Ils la menacent d’employer la force, de faire monter la garde…« Tuez-moi donc d’abord !  » dit la Reine…

Une heure, une heure ! ce débat dura entre les larmes et les menaces, entre la colère et la défense, entre ces hommes qui donnaient l’assaut à cette mère, et cette femme qui les défiait de lui arracher son enfant ! À la fin, les municipaux, las de leur honte, menacent la Reine de tuer son fils : à ce mot, le lit est libre. Madame Élisabeth et Madame habillent l’enfant : il ne restait plus à la Reine assez de force pour cela ! Puis, couvert des pleurs et des baisers de sa mère, de sa tante et de sa sœur, le pauvre petit, fondant en larmes, suit les municipaux : il va de sa mère à Simon !

Au moins la Commune accorda à la Reine de pleurer en paix. Il n’y eut plus de municipaux chez elle. Les prisonnières furent nuit et jour enfermées sous les verroux. Trois fois par jour, des gardes apportaient les repas et éprouvaient les barreaux des fenêtres. Madame Élisabeth et Madame faisaient les lits et servaient la Reine, si accablée qu’elle se laissait servir.