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dans une chambre du palais du Temple. Deux jours après, on la transporta à l’Hôtel-Dieu, où elle mourut, n’ayant plus rien d’humain que le remords !

La Reine avait relevé la repentie ; elle l’avait entourée de soins et de consolations. Elle avait pardonné à cette fouilleuse, à cette femme, qui la nuit du 21 janvier, l’entendant pleurer avec Madame Élisabeth, était venue pieds nus écouter couler ses larmes ! et cette malheureuse sortie du Temple : « Est-elle bien soignée ?  » demandait la Reine à Turgy dans un billet[1].

Les projets, les tentatives d’enlèvement, Batz vivant et libre, les informations du comité de sûreté générale, les bruits et les craintes de la rue, les prédictions du Mirabilis liber « de la restauration de la couronne des lis, et de la destruction de fils de Brutus par le jeune captif ; » l’intérêt du parti girondin pour la tour du Temple, et les subites miséricordes de son éloquence[2], avaient exaspéré la Convention. Toutes les douleurs de la Reine allaient être couronnées par une suprême douleur. Dans ce cœur, où tout est plaie, la République a trouvé la place d’une blessure nouvelle, et plus profonde que toutes.

Le 3 juillet, à dix heures du soir, les municipaux entrent chez la Reine. La Reine, Madame Élisabeth, Madame, se sont levées au bruit des guichets. Le Dauphin s’éveille. Les municipaux viennent signifier

  1. Fragments de M. de Turgy. — Récit de Madame.
  2. Mémoires sur Louis XVII, par Eckard.