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Le jour arrive où Cortey et Michonis sont en fonction tous les deux au Temple. Batz est entré dans la prison au milieu du détachement de Cortey. Le service est distribué de façon que les trente hommes doivent être en faction aux postes de la tour et de l’escalier, ou bien en patrouille de minuit à deux heures du matin. Michonis s’est assuré du service de la garde de nuit dans l’appartement de la Reine. De minuit à deux heures, dans ces deux heures où les postes les plus importants seront occupés par les hommes de Batz, les princesses, cachées dans de longues redingotes, et placées l’arme au bras dans une patrouille qui enveloppera le Dauphin, sortiront du Temple, conduites par Cortey, qui seul peut, en sa qualité de commandant du poste de la tour, faire ouvrir la grande porte pendant la nuit.

Il est onze heures. Le moment approche. L’émotion vient aux plus braves, lorsque tout à coup Simon accourt, essoufflé et inquiet : « Si je ne te voyais pas ici, dit-il à Cortey qu’il a reconnu, je ne serais pas tranquille. » Ce mot éclaire M. de Batz ; une tentation soudaine le prend de tuer Simon, et de risquer l’évasion à force ouverte. Mais le bruit d’une arme à feu causera un mouvement général. Il n’est point le maître des postes de la tour et de l’escalier ; et, s’il échoue, que fera-t-on de la famille royale ? Michonis a remis ses fonctions à Simon avec un calme imperturbable. Il se prépare à se rendre à la Commune, qui le mande. Mais déjà, sous le prétexte d’un bruit entendu au dehors, Batz, à la