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avec de faux passe-ports, de faux certificats de résidence, de fausses cartes civiques. Il surgit et disparaît tout à coup dans les foules, stupéfaites de l’avoir vu. Il passe dans la rue, dans les maisons d’arrêt, dans les cafés, dans les orgies des conventionnels, semant les paroles ou l’or, entraînant les dévouements, racolant les vénalités, achetant les individus, achetant des bureaux en masse, achetant le département de Paris, achetant la police, marchandant la Révolution ; imprenable, insaisissable, glissant des mains, échappant, en plein boulevard, à un peuple en armes ; servi par des miracles, sauvé par des amis, confidents de tous ses plans, qui préfèrent mourir que de le trahir[1].

Cet homme allait bientôt arracher ce cri à la Terreur qui a peur, cette lettre du comité de surveillance de la Convention à l’accusateur public : « Le comité t’enjoint de redoubler d’efforts pour découvrir l’infâme Batz… Ne néglige dans tes interrogatoires aucun indice ; n’épargne aucune promesse pécuniaire ou autre ; demande-nous la liberté de tout détenu qui promettra de le découvrir ou de le livrer mort ou vif : répète qu’il est hors la loi, que sa tête est mise à prix ; que son signalement est partout ; qu’il ne peut échapper ; que tout sera découvert, et qu’il n’y aura pas de grâce pour ceux qui, ayant pu l’indiquer, ne l’auront pas fait. C’est te dire que nous voulons à tout prix ce scélérat. »

  1. Rapport fait au nom des comités réunis de salut public et de sûreté générale sur la conspiration de Batz, par Élie Lacoste. — Mémoires sur Louis XVII, par Eckard.