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et renseignera Madame Élisabeth en sonnant du cor à la fenêtre, et si hautement que Madame Élisabeth sera obligée de le rappeler à la prudence[1].

La Reine appréciait dignement cet homme, quand, pour le remercier de tout ce qu’il avait tenté, de tout ce qu’il osait encore, elle ne trouvait rien de mieux que de le faire entrer dans ses bonheurs de mère : « Dites à Fidèle, écrivait-elle, que je vois mon fils tous les jours[2]. »

Il ne restait plus à la Reine que Dieu et le baron de Batz.

Un royaliste est à Paris, une main sur Paris, une main sur la France, enveloppant la Révolution. Dénoncé, recherché, poursuivi, traqué, il embrasse la Vendée, Lyon, Bordeaux, Toulon, Marseille, et son nom fait pâlir Robespierre. Cet homme est un Protée, Catilina et Casanova brouillés dans un seul homme pour l’épouvante d’une tyrannie. La tête et la plume aux intrigues, le bras aux coups de main, il est un diplomate et un aventurier. Cet homme est partout, et, où il n’est pas, il menace. Il a des agents dans les sections, dans les municipalités, dans les administrations, dans les prisons, dans les ports de mer, dans les places frontières. Il est ici et là, hier une ombre, aujourd’hui un éclair, trouant les lois comme des toiles d’araignée, passant à travers les réglements, les consignes, les barrières,

  1. Fragments historiques, par M. de Turgy.
  2. Ibid.