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et que de grâces en ce dernier cri, en ce dernier chant de la tendresse maternelle ! L’héroïsme y est doux comme une caresse, le sacrifice comme un sourire.

En dépit de la fatalité, Toulan se dévouera et luttera jusqu’au bout. Lors de la dénonciation de Tison il n’est pas absent comme Lepitre, Moille, Brunot ; il fait face à l’accusation, il fait face à Hébert, et il réclame avec une effronterie magnifique l’apposition immédiate des scellés chez lui. Un mandat d’arrêt est lancé contre lui ; il ne s’en soucie pas. On l’arrête ; il prie ceux qui l’arrêtent de le mener chez lui pour prendre quelques effets : ils poseront du même coup les scellés. En chemin il rencontre son ami Ricard, et l’engage à venir prendre quelques papiers lui appartenant qui se trouvent sur son bureau. Ricard a compris Toulan. Arrivés chez Toulan, une discussion s’engage, à propos des papiers, entre Ricard et les commissaires. Toulan, qui est passé dans un cabinet voisin pour se laver les mains, lâche une fontaine ; le bruit de l’eau qui coule, le bruit de la voix de Ricard qui récrimine avec fracas, empêchent les commissaires d’entendre une porte dérobée s’ouvrir doucement : Toulan est libre[1] ; mais, libre, il ne se sauve pas de Paris. Il court louer une chambre dans une maison voisine du Temple, où Turgy a de fréquents rendez-vous avec lui, d’où il rapporte au Temple les nouvelles du dehors. La Reine à la Conciergerie, Toulan avertira

  1. Mémoires sur Louis XVII, par Eckard, note 17.