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arrêtaient toute tentative dans les premiers jours de mars. Puis, si bien gardé que soit le secret d’un complot, il s’en répand toujours quelque chose ; et Toulan, malgré son sang-froid, restait assez sot à cette brusque apostrophe d’une tricoteuse avec laquelle il plaisantait : « Toi, tu es un traître, tu seras guillotiné ! » Une défiance mal dissimulée de la Commune écartait Toulan et Lepitre de la surveillance du Temple jusqu’au 18 mars. Cette fois les dernières mesures étaient arrêtées à l’exécution du projet fixée au prochain jour de garde de Toulan. Le 26, comme on nommait à la Commune les commissaires pour le Temple, le fabricant de papiers peints Arthur monte à la tribune et dénonce Toulan et Lepitre comme « entretenant avec les prisonnières du Temple des conversations à voix basse et comme s’abaissant à exciter la gaieté de Marie-Antoinette. » Toulan répond aussitôt, et se justifie par des plaisanteries. Hébert, sans appuyer sur la dénonciation, demande le scrutin épuratoire et la radiation de Lepitre et de Toulan sur la liste des commissaires. Arrivent les fêtes de Pâques ; les municipaux ne se soucient guère d’aller les passer dans une prison. Toulan se fait proposer avec Lepitre par un de ses collègues, et leurs deux noms sont écrits, quand Lechénard les fait rayer. Une municipalité nouvelle s’organise ; Toulan et Lepitre ne sont pas réélus[1]. Toulan ne se décourage pas, quand un coup imprévu menace ses projets.

  1. Quelques souvenirs, par Lepitre.