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portes, l’une de chêne à gros clous, l’autre de fer ; avant que les commissaires eussent visité les appartements, les tourelles, eussent réveillé Tison et sa femme ; avant qu’un procès-verbal eût été rédigé ; avant que le conseil de la Commune l’eût examiné ; avant que la police, les maires, les comités de la Convention eussent résolu des mesures, la famille royale eût été loin avec des passe-ports bien en règle.

Il n’y avait eu, dans ce plan, de discussion que sur un point. Toulan avait proposé pour la fuite une berline attelée de six chevaux, devant laquelle il eût couru à franc étrier ; mais la Reine tenait pour trois cabriolets : dans le premier, le Dauphin, M. de Jarjayes et elle ; dans le second, Madame Élisabeth avec Toulan ; dans le troisième, l’autre commissaire et Madame Royale. La Reine se rappelait Varennes. Elle craignait la curiosité sur la route, l’indiscrétion des postillons ; trois voitures légères n’exigeaient chacune qu’un cheval ; il était possible de relayer sans recourir à la poste, de se réunir en cas d’accident dans deux voitures. L’avis de la Reine prévalut. Où irait-on ? On n’était pas encore fixé à la fin de février. On pensa un moment à la Vendée, qui commençait à se soulever ; mais la Vendée était loin. On se rejeta sur la Normandie, d’où l’on pouvait gagner la mer et l’Angleterre[1].

Des restrictions apportées à la délivrance des passeports, le bruit de la fermeture des barrières,

  1. Quelques souvenirs, par Lepitre.