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écrivait la Reine, qui se laissait aller à l’illusion ; et, tout aussitôt, craignant d’être ingrate, elle mandait à M. de Jarjayes :

« Je serois bien aise que vous puissiez aussi faire quelque chose pour t… il se conduit trop bien avec nous pour ne pas le reconnoître[1].

Mais Toulan ne voulut rien accepter, rien qu’une boîte d’or dont la Reine se servait : boîte fatale qui devait le perdre ! Sa femme la montra ; et Toulan monta à l’échafaud, où déjà était montée la Reine[2].

Voici quel était le plan de Toulan :

Des habits d’homme étaient préparés pour la Reine et Madame Élisabeth, et apportés, à diverses reprise, sous leurs pelisses, dans leurs poches, par Toulan et Lepitre. Deux douillettes devaient achever de tromper sur la taille et la démarche des prisonnières. Ajoutez des écharpes et des cartes d’entrée semblables à celles des commissaires. Pour Madame Royale et le Dauphin, on les eût sortis du Temple ainsi : un allumeur de réverbères entrait tous les jours, à cinq heures et demie, au Temple, accompagné de deux enfants qui l’aidaient à allumer dans la tour, et sortait avant sept heures. Un costume pareil à celui de ces enfants, une carmagnole, une vieille perruque, de gros souliers, un sale pantalon, un mauvais chapeau, déguisaient le Dauphin et Madame Royale, déshabillés et rhabillés dans la tourelle voisine de la chambre de la Reine où Tison

  1. Mémoires de M. de Goguelat.
  2. Ibid.