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supporter, et jusqu’au plus intime de la toilette d’une femme[1], tout passe sous ce contrôle ; et le corps tout entier de la Reine est soumis à ce conseil, à cette Commune, qui lui refuseront un jour, contre le froid de l’hiver, une couverture piquée[2] !

Au commencement de décembre, la tristesse de la Reine était devenue plus sombre, plus inquiète, plus tremblante. Elle s’agitait sous le pressentiment, sous les secrètes alarmes de l’avenir : l’ombre d’un grand malheur était devant elle. Autour d’elle, tout était menace : menace, le visage contraint de Cléry ; menace, l’insolence et la gaieté des commissaires ; menace, la surveillance resserrée ; menace, la défense à Turgy, à Chrétien, à Marchand, de communiquer avec le valet de chambre du Roi, et bientôt de sortir du Temple ; menace, le doublement des commissaires par la nouvelle Commune, héritière de la Commune du 10 août.

Le 7 décembre, pendant le déjeuner, le Roi apprenait à la Reine, en quelques mots dérobés à l’attention des commissaires, que le mardi il serait conduit à la Convention ; que le mardi son procès commencerait, et qu’il aurait un conseil. C’est Cléry qui, la veille, profitant du moment où il déshabillait son maître, lui avait jeté furtivement ces nouvelles à l’oreille. Et, comme si la République voulait annoncer d’avance à la famille du Roi l’issue de son procès,

  1. Catalogue de lettres autographes du 12 mars 1855.
  2. Détention de Louis XVI et de sa famille au Temple. Revue rétrospective, 2e série, vol. IX.