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pier ; qui voit dans des modèles de dessin les portraits des souverains coalisés, dans les lectures de l’Histoire de France qu’elle fait à ses enfants une incitation à la haine de la France[1]. L’insulte se taisant, la Reine est insultée par les perquisitions et les inquisitions. L’ignorance, la défiance, la sottise blessent, à tous les moments du jour, ce grand esprit étonné d’être blessé de si bas. Elle vit, essuyant les défiances et les familiarités de tailleurs de pierres et de savetiers montés pour la première fois dans l’histoire au rôle de tourmenteurs de reine. Échappe-t-elle aux municipaux, elle retombe, elle le sait, sous ce ménage, le patelinage et la délation, les Tison, ces Tison au masque de pitié, que la Commune a placés le 15 octobre entre elle et les demandes des prisonnières, pour les approcher plus près de la confiance qu’ils ont mission de trahir[2] !

Le 1er novembre, la famille était rassemblée chez le Roi. Drouet, le maître de poste de Sainte-Menehould, entre et va s’asseoir auprès de la Reine. Un mouvement d’horreur échappe à la Reine. Drouet venait avec deux autres membres de la Convention, Chabot et Duprat, demander à la famille royale si elle se trouvait bien, si elle ne manquait de rien. Au moment du départ, Drouet remonta seul au troisième étage. Il demanda à la Reine par deux fois, et en insistant d’une voix émue, si elle avait à formuler quelque plainte. La Reine lui jeta pour

  1. Mémoires historiques sur Louis XVII, par Eckard.
  2. Journal de Cléry.