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bre de Madame Élisabeth. La Reine venait présider au souper de son fils. Lorsque les municipaux s’éloignaient un peu, et ne pouvaient entendre l’enfant, elle lui faisait réciter une petite prière. Le Dauphin couché, la mère, ou Madame Élisabeth, cette autre mère, le veillait à tour de rôle. À neuf heures, Cléry servait le souper chez le Roi, et portait à manger à celle des deux princesses qui restait auprès du Dauphin. Le Roi descendait auprès du lit de son fils, pressait, après quelques moments, la main de sa femme et la main de sa sœur, embrassait sa fille, et remontait. Les princesses se couchaient[1] ; et la Reine avait encore vécu un jour.

Ainsi les jours succédaient aux jours. La veille était le lendemain, le lendemain était la veille. Hors une prière pour madame de Lamballe, que la Reine ajoute aux prières de son fils[2], Septembre ne change rien dans la tour. Le temps n’y change qu’une chose ; la Reine quitte sa tapisserie pour ravauder ; car la misère du linge est venue à la famille royale. Le Dauphin couche dans des draps troués[3], et la Reine veille, avec Madame Élisabeth, pour raccommoder l’un des deux habits du Roi pendant qu’il est couché[4] ; ou bien sa redingote, cette redingote couleur de ses beaux cheveux, couleur cheveux de la Reine[5].

  1. Journal de Cléry.Dernières années, par Hüe.
  2. Journal de Cléry.
  3. Dernières années, par Hüe.
  4. Journal de Cléry.
  5. Six journées passées au Temple, par Moille.