Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/394

Cette page n’a pas encore été corrigée

cipalité viennent procéder à l’enlèvement de toutes les personnes qui ne sont pas membres de la famille Capet. MM. Hüe et Chamilly descendent de chez le Roi dans la chambre de madame de Lamballe : ils trouvent la Reine et ses enfants, Madame Élisabeth, madame de Lamballe, madame et mademoiselle de Tourzel, enlacés et confondant leurs pleurs[1]

Derniers embrassements ! premières larmes de séparation de la Reine, qui déjà conquièrent la pitié autour d’elle ! Oui, déjà dans ces geôliers que la Révolution a triés parmi les fils de sa fortune et de son génie, parmi les plus purs et les plus durs, il en est d’ébranlés, il en est de touchés. Ils avaient juré le stoïcisme en entrant au Temple : ils oublient leur serment, le seuil du Temple franchi. À cette séduction de la grâce, que la Reine exerçait hier, il s’est joint la dignité d’une grande douleur ; et la Reine est encore la Reine dans la tour du Temple : elle pleure, et les geôliers se dévouent.

Le procureur général de la Commune du 20 août, ce républicain avant la République qui avait écrit au Roi : Sire, je n’aime pas les rois ; cet ennemi de la Reine, qui s’était fait le porte-voix des préventions de la Révolution contre la Reine dans sa fameuse Lettre à la Reine, Manuel craint et fuit le regard de la Reine, lorsqu’il lui apprend qu’elle va être enlevée à l’amitié de madame de Lamballe, aux soins

  1. Dernières années du règne et de la vie de Louis XVI, par François Hüe.