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pour le Dauphin les vêtements du fils de l’ambassadrice d’Angleterre, la comtesse de Sutherland[1], elle faisait la grâce à M. d’Aubier d’accepter un rouleau de 50 louis.

Le lendemain du 10 août et les deux jours qui suivaient, la Reine était obligée de subir le spectacle de l’Assemblée, d’entendre les pétitions demandant les têtes des Suisses !…

Un matin qu’elle était ramenée au Logotachygraphe, voyant dans le jardin des curieux dont la mise était propre et la figure humaine, la Reine fit un salut. Un des hommes lui cria : « Ce n’est pas la peine de prendre tes airs de tête gracieux ; tu n’en auras pas longtemps[2]. »

L’Assemblée se lassait enfin de l’humiliation des vaincus. Elle les rendait à la prison, et la Reine partait pour le Temple avec un soulier brisé dont son pied sortait : « Vous ne croyiez pas », disait-elle en souriant, que la Reine de France manquerait de souliers[3] ! »

  1. Mémoires de Mme Campan, vol. II.
  2. Lettre de M. d’Aubier.
  3. Ibid.