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terez auprès de la personne du Roi. » Pétion devient rouge, s’incline devant le regard de la Reine, et signe l’ordre[1]. La Reine a sauvé l’honneur du Roi : il pourra du moins mourir, la loi d’une main, l’épée de l’autre !

Au point du jour, le commandant général des gardes nationales, Mandat, vient informer le Roi qu’il est appelé à l’Hôtel de ville, par les représentants de la Commune, pour entrer en négociations. La Reine supplie Mandat de ne pas quitter le Roi ; mais le Roi demande à Mandat de se rendre à l’invitation de la Commune. Mandat part en disant : « Je ne reviendrai pas[2]. » Dans une heure sa tête sera promenée sur une pique !

Un décret de l’Assemblée arrive au château, qui mande Pétion auprès d’elle. La Reine conjure le Roi d’annuler ce décret attentatoire. Elle lui représente qu’en perdant cette garantie, il ne lui reste plus qu’à transiger. Louis XVI obéit à l’Assemblée, et laisse partir Pétion.

À quatre heures, la Reine sort de la chambre du Roi et dit à ses femmes « qu’elle n’espère plus rien. » Cependant elle presse les ordres secrets, elle hâte l’arrivée des bonnes sections, elle songe à tout, et jusqu’à faire garnir par les officiers de bouche les buffets de la galerie de Diane. Elle veut montrer, et elle montre

  1. Mémoires secrets et universels sur la Reine de France, par Lafont d’Ausonne.
  2. Mémoires inédits du comte de la Rochefoucauld, cités par M. de Beauchesne dans Louis XVII.