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à supporter ; avoir sans cesse à craindre pour les siens, ne pas s’approcher d’une fenêtre sans être abreuvée d’insultes, ne pouvoir conduire à l’air de pauvres enfants, sans exposer ces chers innocents aux vociférations ; quelle position, mon cher cœur ! Encore, si l’on avoit que ses propres peines, mais trembler pour le Roi, pour tout ce qu’on a de plus cher au monde, pour les amies présentes, pour les amies absentes, c’est un poid trop fort à endurer : mais, je vous l’ai déjà dit, vous autres me soutenez. Adieu, mon cher cœur, espérons en Dieu qui voit nos consciences et qui sait si nous ne sommes pas animé de l’amour le plus vrai pour ce pays. Je vous embrasse.

« MARIE-ANTOINETTE. »

« Le 7 janvier[1]. »

La Reine arrivait à ne plus pouvoir porter ses douleurs ; elle arrivait à désirer la fin de cette épouvantable existence.

      *       *       *       *       *

Le 9 août, entre onze heures et minuit, la Reine entend le tocsin de l’Hôtel de ville.

La Reine sait tout ; elle a lu les rapports, elle a interrogé les émissaires ; elle sait le complot des fédérés, les rassemblements secrets dans un cabaret de la Rapée, la convocation extraordinaire des sociétés, la convocation de quarante-huit sections, la Commune de Paris réunie en assemblée générale, Pétion, Danton, Manuel commandant à

  1. Louis XVII, par A. de Beauchesne, 1853, vol. I.