Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/374

Cette page n’a pas encore été corrigée

chaud[1] ! » Pauvre enfant ! qui demain, à une prise d’armes au château, dira à sa mère : « Maman, est-ce qu’hier n’est pas fini ? [2] »

Le lendemain du 20 juin, le Roi eut une conversation avec Pétion ; et comme il se plaignait de l’insuffisance des mesures prises, et demandait que la conduite de la municipalité fût connue par toute la France : « Elle le sera, répondit Pétion, et sans les mesures prudentes que la municipalité a prises, il aurait pu arriver des évènements beaucoup plus fâcheux, non pas pour votre personne, parce que vous devez bien savoir qu’elle sera toujours respectée, mais… » Pétion s’arrêta : la Reine était là ; il n’avait osé dire : la Reine[3].

Quelques temps après le 20 juin, la Reine laissait échapper : Ils m’assassineront ! Que deviendront nos pauvres enfants ? et elle fondait en pleurs. Madame Campan, voulant lui donner une potion antispasmodique, la Reine la refusait en lui disant que les maladies de nerfs étaient la maladie des femmes heureuses[4].

La Reine disait vrai : elle n’avait plus de ces maladies. Le malheur l’en avait guérie. Les maux de sa vie, de cette vie de larmes, de luttes, d’inquiétudes, semblaient l’avoir dérobée aux maux de son corps. Sa santé s’affermissait dans ces épreuves,

  1. Pièces justificatives. Rapport de l’évènement.
  2. Le cri de douleur.
  3. Histoire de Marie-Antoinette par Montjoye vol. II.
  4. Mémoires de Mme Campan, vol. II.