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sang répandu. Voilà mon principe ; si j’étois roi, il seroit mon guide[1]. »

Oui, la guerre, le jeu des épées, le jugement de Dieu, l’ensevelissement d’une monarchie dans son drapeau, ou sa victoire au soleil, une victoire qui la ramène en triomphe à tous ses droits d’hier, Madame Élisabeth ne sait pas d’autre issue ni d’autre salut ; et il faut lire dans son style garçonnier et dans ses grogneries de bonne humeur le mépris qu’elle fait des espérances de la cour trompées par la mort de Mirabeau :

    « 3 avril 1791.

« Mirabeau a pris le parti d’aller voir dans l’autre monde si la Révolution y était approuvée. Bon Dieu ! quel réveil que le sien !… Depuis trois mois il s’étoit montré pour le bon parti ; on espéroit en ses talens. Pour moi, quoique très-aristocrate, je ne puis regarder sa mort que comme un trait de la Providence sur ce royaume. Je ne crois pas que ce soit par des gens sans principes et sans mœurs que Dieu veuille nous sauver. Je garde pour moi cette opinion parce qu’elle n’est pas politique[2]. »

Madame Élisabeth n’a pas varié. Confirmée, fortifiée par la marche des événements dans la logique de ses instincts, elle n’attend plus rien aujourd’hui

  1. Lettre à madame de Bombelles. Éloge historique de Madame Élisabeth, par Ferrand. Paris, 1814.
  2. Lettre à Mme de Raigecourt. Éloge historique de Madame Élisabeth.