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Madame Élisabeth était un homme aussi, mais non un homme d’État comme la Reine. Il y avait du guerrier dans cette jeune femme qui devait mourir en héros. Dans cette douce fille de Dieu, égarée sur les marches d’un trône, dans cette vierge de charité, toute aux autres, toute au bonheur de ses amis, dont la pitié semble une tendresse, dont la vie est une bonne œuvre, il semble qu’il coure ce jeune sang du duc de Bourgogne, ce sang auquel il a fallu un Fénelon pour le vaincre. Madame Élisabeth est l’homme des Tuileries, qui conseille les partis violents, les risques extrêmes. Sous l’outrage des événements, la révolte de sa conscience a entraîné son cœur à ces sévérités sans merci dont le Jéhovah de l’Écriture frappe les peuples rebelles. Trêve, accommodement, diplomatie avec le nouveau pouvoir, Madame Élisabeth les repousse dès le commencement de la Révolution, prête au martyre, mais prête au combat, priant le Dieu des armées, et se demandant s’il n’est pas imposé aux Rois de mourir pour la royauté. Il y a longtemps que, bravant l’horreur des mots, Madame Élisabeth déclarait nettement :

« Je regarde la guerre civile comme nécessaire. Premièrement je crois qu’elle existe, parce que toutes les fois qu’un royaume est divisé en deux partis, toutes les fois que le parti le plus faible n’obtient la vie sauve qu’en se laissant dépouiller, il est impossible de ne pas appeler cela une guerre civile. De plus l’anarchie ne pourra jamais finir sans cela : plus on retardera, plus il y aura de