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car, encore une fois, je ne me laisse pas prendre à cette ivresse du moment, les malheures seront encore plus grands, car il sera alors plus difficile de reconquérir la confiance perdue et le peuple qui se croiroit trompé tourneroit contre nous.

« C’est un motif de plus de redoubler de soins pour profiter du moment s’il est possible : il le faut puisque l’autorité royale échappe et que la confiance publique est le frein a opposé aux envahissements du corps législatif. Mais comment profiter de la confiance du moment ? là est la difficulté ; je pense qu’un premier point essentiel est de régler la conduite des émigrants. Je puis répondre des frères du Roi, mais non de M. de Condé. Les émigrants rentrant en armes en France tout est perdu, et il seroit impossible de persuader que nous ne sommes pas de connivence avec eux. L’existence d’une armée d’émigrants, sur la frontière, suffit même pour entretenire le feu et fournir aliment aux accusations contre nous ; il me semble qu’un congrès faciliteroit le moyen de les contenir. J’en ai fait dire ma pensée à M. de M — — pour qu’il vous en parlât, mon cher frère ; cette idée d’un congrès me sourit beaucoup, et seconderoit les efforts que nous faisons pour maintenir la confiance : cela d’abord, je le répète, contiendroit les émigrants, et, d’un autre côté, feroit icy une impression dont j’attends du bien ; je remets cela à vos lumières supérieures ; on est de cet avis auprès de moi, et je n’ai pas besoin de m’étendre sur ce point, ayant tout fait expliquer à M. de M — —.